MEHDI BENEDETTO Le dompteur de pierres
MEHDI BENEDETTO
Le dompteur de pierres
La pêche a été sa première passion. Ses journées en mer s’allongeaient jusqu'à dix heures du soir et finissaient par des…avis de recherche. Evidemment ses origines siciliennes y sont pour quelque chose.
Mehdi Benedetto a quand même les pieds sur terre. Décroche son diplôme d’une école des beaux arts où il s’est spécialisé dans la céramique pour rester manuel jusqu’aux bouts des doigts.
Les trois années passées chez Artémis, une entreprise de calepinage et de fabrication de pièces en mosaïque, lui donnent les clés d’un métier basé sur la connaissance de la pierre, -ses sites et ses spécificités - et sur les techniques de son découpage. Très vite il passe chef d’atelier puis décide de voler de ses propres ailes et d’ouvrir son propre atelier chez lui, dans son garage.
Mehdi travaillera d’arrache-pied, taillant la pierre la domptant, la sculptant, la polissant, la retouchant, la fécondant pendant six mois. Au bout desquels il convie ses proches et amis pour une exposition vente improvisée. Le bonheur : ses objets partiront comme des petits pains. La somme recueillie de cette opération miracle deviendra un capital qu’il investira dans la location d’un vrai atelier du côté de la Soukra. « Depuis ça marche de mieux en mieux », confie-t-il. Grâce au bouche à oreille, le cercle de sa clientèle s’agrandit de jour en jour : des hommes d’affaires, des étrangers, des diplomates. Ils arrivent munis de revues de décoration, d’idées très claires sur leurs commandes mais aussi d’une marge importante de confiance dans le talent de Mehdi.
Certains de ses clients lui ont fait découvrir des gisements de marbre, semi marbriers et des pierres fascinantes par leur couleur et leur texture.
Lui travaille beaucoup avec la pierre jaune d’oeuf de Chamtou, celle aux tonalités rougeâtres de Bulla Regia et avec la pierre d’un vert magnifique de Tébourba Majus. Il ressuscite leurs nervures et leur caractère dans ses tables, ses consoles, ses frises, ses tapis de sol, ses miroirs, des dessous de plats…
Rien n’inspire mieux ce jeune homme de trente deux ans que la couleur de la terre, que la composition de la pierre.
Par N. Gritli, journaliste
G e s t e d ’ a r t i a s a n
D’un voyage au Sud qui se prolongera dans le désert, il rentre avec des idées obsessionnelles et accouche d’une série d’objets couleur sable.
Pendant deux années de suite (2004 et 2005), l’atelier Benedetto recevra deux commandes prestigieuses. Les magasins Hermès du Faubourg Saint Honoré à Paris lui demandent de fabriquer les pièces maîtresses de la décoration de leurs vitrines automnales. En pierres dures et semi précieuses, il reprend les motifs des fameux carrés de soie de la marque sur une fontaine. La saison d’après, Leila Menchari, chef décoratrice d’Hermès fait encore appel à lui. L’artisan artiste imagine cette fois-ci des médaillons en marbre de différentes couleurs. Il les déposera ici et là dans les vitrines utilisant particulièrement la pierre de Bulla Regia qui rappelle les tons du cuir tanné ayant fait la notoriété d’Hermès. Succès immédiat.
« J’ai des clients magnifiques qui m’encouragent et me valorisent », reconnaît le jeune homme.
Aujourd’hui il travaille sur le « Baiser » de Klimt en mosaïques. Une commande pour une dame française qui croit en lui, joue un peu au mécène et l’incite à explorer de nouveaux territoires, de nouvelles expériences. ■
N. G.
source: Revues ARCHIBAT & ID déco: Archibat n°14